Viens à mon aide || Feat Elias

Ce matin-là, deux chariots remplis d’ustensiles variés ont déposé leur cargaison dans la grande cour, non loin des entraînements des gardes royaux et soldats de passages. C’est au son des épées qui s'entrechoquent, le nez fourré dans un sac de toile rempli de vaisselle d’Arendelle qu’il perçoit le son d’une conversation au ton qui hausse peu à peu. Relevant rapidement la tête, il aperçoit au loin son amie Simone, prise à parti par le garde Herbert en plein entraînement. Elle semble hésitante, mais finit par accepter de prendre le bâton qu'il lui tend pour se mesurer à lui. Le blond fronce les sourcils, tentant vainement de comprendre pourquoi un soldat occupé à son entraînement viendrait importuner une noble ambassadrice qui a bien trop à faire que perdre son temps avec lui... mais il ne lui vient aucune réponse.

Il aurait voulu continuer le travail, et vérifier que dans la vaisselle royale ne se trouve pas un couteau de guerre inopinément caché, mais il est trop curieux de voir la suite de l’affaire. S’éloignant des chariots, il rejoint le combat où d’autres gardes ont déjà commencé à lancer des phrases d’encouragement. Habile au combat, Simone se débrouille bien assez pour pouvoir mettre son adversaire à terre. Elias aurait bien chaudement acclamé Simone, mais ce serait par la même occasion renvoyer Herbert à son propre échec. La garde royale représentait la fine fleur des combattants de Corona ; se pouvait-il vraiment qu’un homme dont le métier était de protéger la famille royale, puisse se faire battre aussi facilement ? Pas étonnant que la princesse avait disparu : même un aveugle éclopé aurait atteint le trône sans se faire arrêter.

Bien évidemment, l’homme ne l’entend pas de cette manière : il s’empresse de l’accuser de sorcellerie. Le voir perdre avait déjà quelque chose d’humiliant en tant qu’officier de la garde, mais le voir remettre son échec sur les pouvoirs de Simone rendait la situation plus malaisante encore. Les autres gardes qui, jusque-là félicitaient la sorcière, s’étaient soudain tus. L’entraînement chaleureux avait viré aux accusations dangereuses, et chacun prenait alors ses distances, sans trop savoir comment réagir.

Elias, lui, savait. Il savait que s’il ne réagissait pas rapidement, cela pourrait chauffer pour Simone. Si chacun était témoin qu’elle n’avait pas utilisé ses pouvoirs, Herbert aurait tôt fait de tourner la situation en sa faveur en l'accusant avec véhémence. Sa langue acérée avait bien des pouvoirs, et des pouvoirs certainement plus forts que ceux de l’ambassadrice. Le blond n’hésite pas et, en poussant un fort soupir d’agacement, s’élance vers l’homme, l’attrape par le col et l’envoie paître à quelques maîtres de là, libérant Simone par la même occasion. Devant la surprise générale, il annonce :

« Tu me fais pitié Herbert, si tu crois que je vais te laisser accuser une innocente dans le simple but de masquer ton incompétence, alors tu te trompes ! Ta défaite, tu la dois à tes seuls manquements à tes devoirs de soldat. Tu la dois à tes gestes inutiles, tes réflexes endormis et à toute la bière que t’enfiles chaque soir et qui t’alourdis le ventre.  Alors avant de provoquer un incident diplomatique, je te somme de t’excuser auprès de l’ambassadrice Virtanen, que j’invite si elle le souhaite, à réitérer devant nous tous réunis les voeux de paix et de coopération qu’elle a formulé à son arrivée dans notre royaume. »

Il balaie son auditoire avec un regard noir, implacable. Elias ne laisse la parole à personne, pas même au piteux Herbert qui se relève tant bien que mal. La seule personne disposée à parler est Simone, à qui il laisse la possibilité de prendre la parole et de laver son honneur. C’est bien la seule chose qu’il puisse faire pour l’aider sans trop compromettre leur amitié et sa réputation.