heidi morwën ○ une chute sans fin

Caractère · Heidi, douce comme les sucreries d'enfance. Heidi, tendre comme les nuages. L'enfant parfaite diraient certains. Elle n'attirait pas les problèmes mais les réglait toujours. Un cœur sur la main, pensant plus au bonheur des autres qu'au sien. Heureuse en répandant le bien, elle ne se souciait jamais de ses maux. Elle rendait ses parents fiers et restait la meilleure amie de sa sœur ainée. La bonté incarnée. Au fil des années, rien n'a changé. Heidi reste la même. Femme au grand cœur, elle vit presque pour les autres. Elle n'est pas égoïste, envieuse ou avare. Elle donnerait ses yeux à un parfait inconnu si cela pouvait être utile. Gentille ou naïve, les barrières se sont effondrées depuis longtemps. Alors oui bien sûr, elle sent que certaines personnes en abusent. Elle pourrait dire non mais elle ne veut effacer aucun sourire.
Mais toute cette gentillesse cache en réalité de sombres changements. Depuis la Purge, Heidi se force. Ces œuvres de bonté qui se voulaient autrefois naturelles deviennent aujourd'hui un devoir. Elle en perd l'envie. Elle perd l'envie d'aider ces gens dont elle ne connait le nom. Elle perd l'envie de rendre heureux ceux qui n'ont rien fait pour la rendre heureuse elle. L'ont-ils aidé il y a de ça dix ans ? Non. Alors Heidi s'assombrit. Les sourires se crispent au fil des jours. Et à l'image de leur créatrice certaines pâtisseries deviennent banales et fades. La douce se teinte de colère, de remords, de haine et de vengeance. Des sentiments qui lui étaient alors inconnus. La maladie prend elle aussi le dessus, les oublis se font de plus en plus fréquents. L'incompréhension d'un passé qui fait pourtant souffrir. Des images reviennent par morceaux. Les cadavres. Le sang. Les cris. L'odeur ferreuse maculant les murs. Des images qui hantent ses nuits. Des images qui ne font que nourrir cette colère sommeillant en elle.

Anecdotes · Heidi est sujette à des pertes de mémoires, elle ne souvient presque plus de son enfance. Seules quelques photos l'aident à se remémorer le visage de ses parents et de sa sœur. Si elle n'a que très peu de souvenirs de son passé, il lui arrive d'oublier ses propres actions. Il n'est pas rare qu'elle oublie une journée entière ou se réveille sans avoir connaissance de ce qu'elle a fait la veille. Des flous qui la perturbent au plus haut point. Elle se perd. Elle ne sait plus vraiment qui elle est. Cette maladie est apparue suite à une chute d'un pont il y a de ça 10 ans.
· Malgré ses pertes de mémoires, il y a ces souvenirs qui ne cessent de la hanter. Cette nuit froide où elle a vu sa Prune mourir. Elle revoit son âme quitter son regard, le sang couler à flot le long de ses lèvres. Les nuits se font horriblement longues. C'est la boule au ventre qu'elle part se coucher désormais. Verra-t-elle de nouveau le fantôme de sa sœur ?
· Heidi est une pâtissière hors-pair. Elle confectionne des gâteaux depuis toujours, elle tient cela de son père. Il lui a transmis sa passion pour les sucreries et les desserts. A la mort de ses parents car ces derniers se faisaient vieux, elle a repris à elle seule l'établissement connu sous le nom du Crapaud en sucre. Très populaire auprès des enfants, Heidi sait satisfaire sa clientèle avec de nouvelles recettes aux noms plus ou moins farfelues et intriguant. Ses plus gros succès restent tout de même ses muffins nuageux et ses tartelettes "draconiques" à base de morve de farfadets.
· Heidi raffole des douceurs et des choses à l'apparence mignonne. Facile à amadouer comme une enfant naïve, il est facile de l'acheter avec des gâteaux ou bien des petits bibelots. Cependant elle reste fidèle et sait tenir sa langue quand il le faut, les secrets sont donc bien gardés auprès de la douce.
· Depuis la Purge, Heidi se montre de plus en plus méfiante à l'égard des humains. Depuis toute petite elle s'est jurée de ne pas utiliser ses pouvoirs pour faire le mal. Elle ne compte pas sur ses pouvoirs pour se défendre c'est pourquoi elle s'entraine au combat chaque soir dans son sous-sol. Que ce soit du combat au corps à corps face à son mannequin de foin ou au combat à l'épée, Heidi compte bien défendre sa vie si cette dernière venait à être menacée.
· Elle rêve d'un refuge pour ses congénères, sa pâtisserie est connue et souvent appréciée auprès des enfants sorciers. C'est pourquoi elle garde certains d'entre eux quand les parents doivent s'absenter. Elle les aide à comprendre leur pouvoir et tente de leur enseigner le bien. Des leçons qui ont pourtant de moins en moins de sens aux yeux de la jeune femme.


Unique souvenir · Nuit de la Purge - Arrête de courir si vite, Prune ! Des mots qui se faisaient haletant, faibles et tremblants. Prune ! Je vais te perdre ! Heidi avait alors dix-sept ans, elle courait aussi vite que son corps ne le lui permettait mais Prune la devançait d'au moins six mètres. Elle trouvait ça injuste, elle, la cadette. Bien sûr qu'elle courait plus vite avec ses belles longues jambes. Prune l'aînée, Prune la belle et douce. Prune parfaite. Heidi ne la jalousait pas, non, elle l'admirait. Elle voulait être aussi gracieuse que cette jeune femme toujours souriante. Cette jeune femme qui signifiait tant à ses yeux. Cette jeune femme qui l'accompagnait dans tous ses bonheurs et qui l'accompagnerait dans ses malheurs.
Prune s'arrêta, les joues rougies par l'effort et le sourire aux lèvres. Même Hector est plus rapide que toi, sœurette ! Heidi se pinça les lèvres face à cette provocation, elle se promit de lui plonger le visage dans la farine une fois rentrées à la pâtisserie. Oh oui, elle allait le payer. La cadette s'approcha alors de son aînée et passa un bras autour de ses épaules. Elles se mirent à marcher dans les rues sombres de Corona. Le coeur battant la chamade à la suite de cette course effrénée, elles regardaient le ciel. Ce ciel si beau et tacheté d'une infinité d'étoiles. Un jour, je t’emmènerai sur l'une de ces étoiles, Prune... L'aînée se mit à rire face à cette affirmation plus qu'impossible et posa son regard bleu glace sur sa jeune sœur. Et comment comptes-tu réaliser cela ? Pour être honnête, Heidi n'en avait aucunes idées pour le moment. Elle haussa les épaules et se contenta d'attraper la main de Prune. Elles déambulèrent ainsi pendant une dizaine de minutes. Se perdant aléatoirement dans les allées et les ruelles de leur ville natale. Ces rues, elles les connaissaient par cœur. Combien de fois avaient-elles exploré ces pavés ? Sûrement autant de fois qu'il n'y a d'étoiles dans le ciel.
Tu sais Prune, j'ai toujours aimé tes yeux bl... Son coeur se serra soudainement, son sang se glaça au creux de ses veines. Heidi n'eut le temps de finir sa phrase qu'un cri déchira le silence de cette nuit. Instinctivement elle resserra son emprise sur la main de sa sœur. Elles se fixèrent, apeurées, frappées par l'incompréhension. D'autres cris suivirent. De la douleur, de la peur, de la tristesse, de la haine. Tout se mêlait, créant ainsi une terrible et macabre symphonie. Des lumières firent leur apparition au bout de la rue. Des torches, au moins cinq. Les silhouettes s'approchaient dangereusement. Des sorcières, des sorcières ! Criaient-ils armés de leurs épées, haches et fourches. Prune prit l'initiative, elle tira sa jeune sœur en arrière et la força à courir de nouveau. Il fallait fuir mais les jambes d'Heidi se faisaient lourdes et raides. La peur tétanisait tout son corps mais la détresse dans le regard de Prune lui fit comprendre qu'elle n'avait pas le choix. Alors elle courut. Elle courut jusqu'à en cracher ses poumons. Mais ces hommes étaient bien plus rapides que deux pauvres adolescentes. Qu'allait-il leur arriver ? Heidi priait de toute son âme. Elle priait si fort. Tout ce qu'elle désirait c'était rentrer chez elle, se blottir contre ses parents et ne jamais quitter la pâtisserie. Elle aimerait se téléporter. Si seulement elle en avait les capacités. Elles arrivèrent finalement sur le pont. A bout de force, elles n'avaient plus les moyens de courir. Heidi sentait son cœur battre contre sa poitrine. Allait-il s'en échapper ? Elle en avait bien peur. Mais ses pensées n'étaient désormais rivées que sur ces inconnus les pourchassant. Un rictus malsain au coin des lèvres, ils n'étaient plus qu'à quelques mètres. La distance diminuait dangereusement quand une fois de plus Prune s'interposa. Faisant face aux agresseurs, la jeune femme tendit ses bras vers le sol puis les souleva rapidement vers le ciel. C'est alors qu'un gigantesque mur d'eau se dressa entre les sœurs et le groupe d'hommes. Une protection qui n'allait durer que quelques secondes mais quelques secondes qui pouvaient s'avérer cruciales à leur survie. Courons rejoindre Papa et Maman, souffla Prune. Elle empoigna la main de sa cadette tout en gardant un bras tendu vers les hommes, maintenant ainsi la barrière les protégeant. Mais une fois que Prune leur tourna le dos, le mur se transforma en une simple flaque d'eau. Les hommes crièrent multiples insultes et se mirent à courir à leur tour. Heidi pensait en avoir fini, elle se revoyait déjà auprès de ses parents et de sa sœur. Mais un nouveau cri transperça cette nuit déjà glaçante. Un cri qui était cette fois tout proche. Elle perdit la main de sa sœur et s'arrêta brusquement. Terrifiée, elle osa poser les yeux sur son aînée. Une odeur ferreuse vint envahir ses narines, son esprit vacilla mais elle reconnut cette forme stricte transperçant le dos de celle qu'elle aimait tant. Une hache. La blonde agrippa l'épaule de Heidi, la forçant à reculer jusqu'à la barrière du pont. Le sang coulait le long de ses lèvres, de son épaule, de son dos. Elle qui avait mis sa plus belle robe, elle qui avait passé des heures sur sa longue chevelure. Elle poussa un peu plus sa jeune sœur. Tu as... Une flèche vint se loger dans sa main, lui arrachant un nouveau cri de douleur. De plus jolis yeux Heidi... C'est sur ces derniers mots qu'elle envoya sa cadette par dessus le pont, la plongeant au fond de l'eau mais la sauvant de cette barbarie.