Un royaume en dérive, un conflit entre humains et sorciers et une disparition mystérieuse. Trouverez-vous votre place à Corona ?

 
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 You're just a memory. ✖ Faustus

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MessageSujet: You're just a memory. ✖ Faustus   You're just a memory. ✖ Faustus EmptyMer 27 Sep - 1:04

We are just misguided ghosts traveling endlessly.
Eidel & Faustus

Il fait chaud. Tellement chaud que cela en est presque étouffant. Il est impossible de se défaire de ce temps qui semble s’être installé par cette journée alors que l’automne vient à peine de pointer le bout de son nez. Portes et fenêtres de la maisonnette sont grandes ouvertes dans l’espoir de faire venir un peu de fraicheur, ne serait-ce qu’une petite brise salvatrice dans la fournaise qu’est devenue la maison. Eidel ne peut s’arrêter de préparer des potions sous prétexte qu’il fait trop chaud ! Elle ne peut couper le feu, arrêter les alambics qui distillent essence sur essence tout au long de la journée. Il faut simplement faire avec. Une perle de sueur coule le long de la tempe de la sorcière, son regard est concentré et ses gestes sont minutieux. Il lui faut terminer une huile d’argousier qu’elle est censée remettre le lendemain à l’un des habitants du village ; ce dernier se plaignait de plaques qui le démangeaient comme un diable ! Il s’était pris à accuser un quelconque sorcier de l’avoir maudit à l’aide d’une mystérieuse formule magique. Cela avait rendu Eidel perplexe avant de simplement répondre qu’il s’agissait d’un bête eczéma et non d’une malédiction. Les gens sont étranges, ils ne cesseront jamais d’intriguer la sorcière. En tout cas, si il y a une personne dans cette maison qui se plaint de la chaleur écrasante, c’est bien Pip. La loutre est étalée de tout son long sur le parquet, à l’ombre et tente de se rafraîchir. Ce, même si sa maîtresse lui a toujours autorisé de se rendre jusqu’à la rivière toute seule ; mais l’animal n’aime juste pas trop s’éloigner de la brune alors il n’a pas d’autre choix que d’attendre que la jeune femme en ait terminé avec ses tâches du jour. Pauvre Pip ! L’huile est enfermée dans une petite fiole de verre, pas besoin de trop, quelques gouttes pendant trois jours suffiront à faire partir les rougeurs et les vilaines démangeaisons.

C’en est trop. Si Eidel reste plus longtemps à l’intérieur de la maison, elle va probablement se mettre à fondre. Heureusement cela ne durera pas avec l’automne qui est enfin là. Quand bien même elle aime toutes les saisons sans exception, l’automne lui plait plus particulièrement. Elle s’émerveille de voir les arbres revêtir leurs habits rouges et oranges ; la forêt prend un tout autre aspect. La terre sous ses pieds se rafraichit, il flotte une douce odeur de feuilles et de feu de bois tout au long de l’automne, juste avant que les premières neiges ne tombent. Le feu est finalement éteint, le matériel est nettoyé, frotté puis rangé avec beaucoup d’application et de minutie ; sa mère lui a bien appris. Le tablier de cuir est retiré, accroché à sa place et enfin, Eidel peut sortir dans le petit jardin qui se trouve à l’arrière de la maisonnette. L’endroit regorge de fleurs, arbres fruitiers et plans de légumes, tous ont été fait pousser par Eidel au début du printemps… Ou au début de la semaine. Elle tire de l’eau du puits, en renverse le contenu sur Pip qui couine de plaisir au contact de l’eau fraiche puis après l’animal, c’est sur sa propre personne qu’elle verse l’eau. Avec ce soleil tapant, la robe couleur lilas ne sera pas humide bien longtemps, un petit quart d’heure tout au plus avant de retrouver son état original. La sorcière défait le ruban à son poignet droit, tresse ses longues boucles brunes qu’elle vient ensuite piquer de quelques boutons de lisianthus blancs. La petite brune laisse sa compagne la loutre s’amuser dans le seau qu’elle a de nouveau rempli d’eau ; à la place, elle traverse la maison pour en ressortir afin de rejoindre le carré de myosotis qui est planté à quelques pas de la maisonnette.

Elle s’assied sur l’herbe, ses doigts glissent entre les fleurs abîmées par le climat trop chaud pour la plante. Les prunelles de ses yeux deviennent d’un violet profond tandis que les tiges entre ses mains reprennent de la vigueur, redressent leurs têtes et les pétales flétris deviennent lisses, colorés. Le myosotis a regagné toute sa force, sa beauté, il est pareil qu’au premier jour de sa floraison. Sa mère lui manque, c’est un fait indéniable. Sa présence, sa personnalité si exubérante qui emplissait la maison… Ce n’est plus tout à fait la même chose depuis qu’elle n’est plus là, depuis qu’elle est sous ce carré de myosotis violet. On peut accepter la mort sans pour autant accepter le vide que laisse la personne derrière elle. Elle soupire, la brunette, avant de laisser retomber ses mains sur le sol et de baisser légèrement sa tête. Elle peut sentir la chaleur de Pip qui est venue se blottir contre sa maîtresse, qui frotte son petit museau contre la jupe claire. Sûrement vaudrait-il mieux s’éloigner de cette tombe qui étreint le cour d’Eidel d’une lourde mélancolie. Un bruit, elle sursaute, redresse sa tête à la recherche de la source du craquement. Son coeur s’est accéléré, il y a toujours cette crainte de revoir ceux qui ont tué sa mère revenir pour elle.

« Il y a quelqu’un ? »

Ses deux mains plaquées sur le sol, quelques petites ronces commencent à sortir légèrement de terre. Le processus ne manquera pas de s’accélérer brusquement si Eidel se sent en danger, menacée. Pip est cachée derrière la sorcière, peu encline à l’affrontement, tout comme la jeune femme.

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MessageSujet: Re: You're just a memory. ✖ Faustus   You're just a memory. ✖ Faustus EmptyDim 1 Oct - 1:34

you're just a memory
I don't wanna see her grow just to be like you, I can't stand your smile on her face.
I didn't ask for nothing, I never wanted war.
Le pas cadencé de sa monture amorti par l’humus des chemins mal entretenus, le cavalier progressait sans réellement de bruit, silhouette imprécise dans la chaleur étouffante d’un été mourant. Un climat chaud ne l’avait jamais vraiment dérangé ; après tout il venait du Sud, de ces contrées plus ensoleillées au climat plus clément. Là-bas, les hivers étaient doux, les étés arides et la mer toujours tiède. Mais l’humidité de Corona… Il ne s’y ferait jamais. L’automne était là, et avec lui des oscillations de températures et une humidité qui auraient pu sembler surnaturelles à qui n’avait l’habitude de ces forêts. Il fut un temps, qui lui paraissait à présent si lointain, où il s’était demandé s’il allait survivre à son premier hiver. Trainé dans ces contrées un peu de gré ou de force par un homme qu’il n’avait jamais vu, arraché à la chaleur de sa mère et de sa terre natale, une toux terrifiante avait failli l’emporter la première année. Puis plus rien. La vie avait continué, et il s’était endurci.

Etrange chose que la mémoire. Certaines parties de sa vie étaient complètement occultées, oubliées par désintérêt ou désintégrées par ce don qui finirait par le ronger entièrement. Et pourtant certaines tranches de sa vie qu’il croyait perdues remontaient parfois brutalement, inopportunes et inattendues. Comme ce chemin qu’il empruntait, avec un automatisme qui lui échappait lui-même. Il se souvenait vaguement l’avoir foulé quelques fois dans sa vie, et si les années avaient fait leur œuvre sur la taille des arbres, l’ensemble conservait sa familiarité. C’était le propre des forêts ; vivantes mais immuables, sentinelles silencieuses dont les changements imperceptibles mettaient des décennies à s’exprimer. Combien de temps, d’ailleurs, depuis qu’il avait parcouru ces chemins ? Dix ans ? Vingt ans ? A peine jeune homme alors, mais déjà perdu, il était venu la voir elle, lui annoncer cette nouvelle funeste qui pourtant n’avait créé en elle que du soulagement. Il avait compris, à l’époque, la nécessité des adieux. Leur affection mutuelle était sincère, mais elle le savait engagé sur des chemins dont il n’est pas possible de revenir. Elle avait toujours su.

Le demi-sourire que ce souvenir fugace avait amené sur ses lèvres se tordit en une grimace quand la douleur lancinante de son épaule lui revint. Maudits soient les sorciers doués de feu. Il abhorrait les maîtres de cet élément, brutes irréfléchies qui souvent étaient esclaves de ces flammes qu’ils lançaient en tous sens. Sa dernière confrontation avec l’un deux l’avait laissé avec la peau d’une épaule brûlée en punition d’une imprudence, et la douleur qui l’accompagnait pour lui rappeler de ne plus jamais commettre une erreur née d’un excès de confiance. Reléguant la douleur dans un coin de son esprit, il fit bifurquer sa monture sur un chemin à peine tracé à travers les arbres, la jument grise hésitant à s’engager dans les fourrés. S’engageant finalement sur ce chemin étroit dans la symphonie des branches mortes craquant sous ses sabots, monture et cavalier finirent par déboucher sur l’ouverture abritant cette maison que ses souvenirs avaient conservée intacte en sa mémoire. Il n’avait pas encore posé les yeux sur cette bâtisse qui semblait immobile dans le temps qu’un appel avait retenti, question lancée comme un avertissement. Il baissa les yeux sur le jardin déroulé aux pieds de la maison, son regard en croisant un autre, qui de loin, il distinguait comme violet. Etait-il possible que ce soit elle ? « Liebe ? » L’appel avait été lancé dans un souffle, comme une question hésitante susurrée avec un mélange d’espoir et d’appréhension.

Les rênes se tendirent, arrêtant la jument à bonne distance de la sorcière, alors qu’il levait une main en signe de paix, une fois n’était pas coutume. «  Il y a donc toujours une sorcière dans cette forêt... Rien n'a changé. » répondit-il avec une sorte de sarcasme amusé, tandis qu’il mettait pied à terre, concédant à la douleur du mouvement une grimace fugace. Une fraction de seconde, il hésita à s’approcher. Les dernières paroles qu’ils s’étaient adressées avaient été claires dans ce qu’il adviendrait si elle venait à le croiser, mais deux décennies et une tragédie s’étaient écoulées depuis lors. Il fallait se serrer les coudes. Son regard n’avait pas lâché celle qui, accroupie dans l’herbe et abritée par les ombres des arbres fruitiers et des arbustes, se dérobait aux regards. Dans les traits qu’il pouvait distinguer, une familiarité était indéniable, et pourtant quelque chose clochait, quelque chose n’était pas tout à fait là, pas tout à fait exact. « Je peux ? » Et joignant le geste à la parole, il s'avança à pas mesurés, la jument grise lui suivant calmement, tandis qu'il ne pouvait effacer une certaine perplexité au fond de ses prunelles.


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MessageSujet: Re: You're just a memory. ✖ Faustus   You're just a memory. ✖ Faustus EmptyLun 9 Oct - 13:55

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Eidel & Faustus

Avant la Purge Eidel n’était pas suspicieuse, ne craignait pas pour sa vie. Jamais cela lui serait passé par la tête que les humains seraient capables de tels atrocités envers les sorciers… Envers qui que ce soit d’un peu différent de eux. Le fait est que l’Homme avec ou sans magie, a une facile tendance à plonger dans la haine la peur et la violence. Alors elle se méfie, la jeune sorcière, à l’abri de la végétation qui a toujours été son alliée ; qui la protégera si le besoin s’en fait sentir. Une silhouette sort finalement d’entre les branches des arbres, perchée sur un cheval, Eidel ne pense pas l’avoir jamais vue auparavant. Il arrive que des voyageurs passent non loin de la petite chaumière ; rares sont ceux qui s’arrêtent ou qui connaissent l’emplacement de la maison. Les doigts de la brune sont toujours posés sur l’herbe où de fines ronces sont venues s’enrouler autour de ses bras et dans un petit rayon de un mètre. Que veut l’étranger ? Un soin ? Il est vrai que les apothicaires et médecins résident tous dans Corona, abandonnant les villageois qui n’ont rarement les moyens de s’offrir le luxe d’une consultation médicale.

Sa voix lui parvient, une intonation qui, à la grande surprise d’Eidel, ne lui est pas complètement inconnue. Elle plisse ses yeux, se redresse à peine pour essayer de voir un peu le nouveau venu mais les branches la gênent, obstruent sa vision. Il n’a pas l’air menaçant… Mais tous les méchants n’ont pas l’allure qu’on veut bien leur prêter, les sorcières ne ressemblent pas à celles qui peuplent bien des histoires pour enfants. Pip est toujours cachée derrière sa maîtresse mais l’animal a tendance à être un peu peureux, à ne faire confiance qu’à Eidel et ses amis. La brune pose une main sur la petite tête de la loutre, la caresse doucement pour la rassurer avant enfin, de se redresser. Les ronces retournent sous terre : Eidel a décidé qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur. Une petite phrase lui a fait changer d’avis, celle que l’homme a prononcé : « Il y a donc toujours une sorcière dans cette forêt... Rien n'a changé. » Si il dit cela, c’est qu’il a bien dû connaître sa mère… Non ? Peut-être est-ce un ancien patient de Liebe, ce qui expliquerait qu'il ne lui est pas totalement inconnu. Elle abandonne sa piètre cachette pour s’approcher également de l’homme, jusqu’à se retrouver face à lui. Ses grands yeux bruns observent le visage de celui qui se trouve à quelques mètres d’elle, mémorisent les traits qui, encore une fois, lui semblent familiers. Comme s’est étrange. Elle jurerait ne l’avoir jamais croisé auparavant…

« Puis-je vous être d’une quelconque aide ? Si vous avez besoin d’un remède, vous êtes au bon endroit ! »

Eidel sourit, elle ne voit pas une autre raison qui pourrait avoir fait venir l’homme jusqu’ici, maintenant qu'elle y pense. La loutre est finalement sortie de derrière la sorcière, elle s’approche précautionneusement du cheval pour le renifler avant de faire de même avec les chaussures de l’inconnu. Oh, le cheval !

« Laissez-moi aller chercher de l’eau pour votre monture, par cette chaleur, elle doit être assoiffée ! Pip, laisse donc le monsieur. »

L’animal regarde Eidel, couine avant de finalement s’éloigner pour courir sa cacher à l’intérieur de la maison dont la porte d’entrée est restée grande ouverte. D’un geste de la tête, la brunette invite l’homme à la suivre jusqu’au jardin situé à l’arrière de la maisonnette.

« Je m’excuse mais.. J’ai l’impression de vous avoir déjà vu pourtant… Eidel s’arrête, réfléchit tout en tirant de l’eau du puits. Seriez-vous un ami de Liebe Zuckerman ? Je suis sa fille, Eidel. »

Le seau d’eau fraiche et déposée près du cheval, Eidel essuie ses mains humides sur son tablier blanc. A nouveau, elle observe attentivement l’inconnu. Cela l’ennui de ne pas être capable de se souvenir complètement de l’homme car elle en est certaine, ce n’est pas la première fois qu’ils se rencontrent.

« Si vous êtes venu voir ma mère… Je suis navrée de vous apprendre qu’elle est morte, cela fera dix ans en hiver. »

Ses yeux se baissent un peu, elle n’aime pas devoir annoncer de mauvaises nouvelles mais il s’en serait rendu compte à un moment ou un autre, non ? Pourquoi attendre plus longtemps pour dire une vérité qu’il est impossible à éviter ?

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