★ ... j'ai besoin de changer d'air... ★
Sœur.Ce que tu es lorsque tu vois le jour deux ans après ton frère, ton aîné, ton protecteur.
Ce que tu restes avec le temps, une place qui t'est chère dans le cœur de cet être si important pour toi, essentiel.
Ce que tu seras à tout jamais, ce pour quoi tu vivras parfois, souhaiteras oublier d'autres. Peu importe ce qu'il adviendra, tu resteras sa petite sœur.
Honneur.Celui d'être née chez les Poplawski, une famille fière, une famille forte, une famille qui t'a aimée.
Celui d'être élevé dans un système matriarcale, là où les femmes sont au-dessus, où elles dominent, où des préjugés sont brisés par centaines.
Celui de porter leur nom, de marcher la tête droite, de ne jamais courber l'échine. Leur prouver ton mérite, les rendre fiers, leur faire honneur.
Ardeur.Celle dont tu fais preuve avec ton frère lorsque vous jouez, à tous les deux vous battre comme des enfants qui rient sans arrêt.
Celle qui l'enflamme d'une beauté admirable et l'rend si parfait, ton aîné incandescent.
Celle qui fait d'lui une terreur, qui l'fait grogner lorsque ta mère vous empêche de jouer, qu'elle t'enlève à lui sans autre justification que ton statut de jeune fille, qu'elle vous sépare sans plus se préoccuper de lui. C'est qu'elle s'en moque, elle, de tout ce qu'il fait, et ce qu'importe son évidente ardeur.
Pleurs.Ceux qui coulent le long de tes joues lorsque tu te rends compte qu'il n'est plus là, sa chambre vide et ton âme avec alors que tu n'as que huit ans.
Ceux qui font briller tes yeux de malheur quand tu comprends qu'il est parti, qu'il t'a quittée, abandonnée.
Ceux qui te brisent de ne plus l'avoir près de toi, ton frère, de le savoir loin, perdu au lieu de toutes ces eaux glaciales. Ce soir-là, c'est par milliers que tu les as répandus autour de ton cœur esseulé, tes si douloureux pleurs.
Stupeur.Celle qui se lit dans tes yeux pétillants lorsque ton don se manifeste pour la première fois, qu'il te laisse béate, qu'il te fasse rire aux éclats.
Celle qui rend fière ta mère, et même ton père qui pourtant vit constamment dans l'ombre, parce que c'est la preuve que tu es l'une des leurs.
Celle que tu aurais aimé vivre avec ton frère à tes côtés, pourtant il est en même, et tu ne l'as revu qu'une fois depuis son départ. Il te manque à en crever, Liesl, et ça elle n'y changera rien, la stupeur.
Raideur.Celle de ta mère, si manifeste qu'elle a fait fuir ton frère et se taire ton père.
Celle qui te maintient dans ce souci permanent d'atteindre la perfection, pour elle, pour toi, pour le monde entier – tu te dois d'être comme il faut, qu'on ne puisse rien te reprocher.
Celle qui pourrait t'oppresser si tu ne lisais pas toute cette fierté dans ses yeux à chaque pas de danse que tu réussis, chaque visage que tu rends splendide, chaque mot que tu lâches d'une voix forte et assurée à seulement douze ans. Elle aura eu du bon comme du mauvais, faisant de toi une jeune fille forte mais désespérément seule, cette raideur.
Peur.Celle qui t'étouffe lorsque tu songes à ton aîné qui navigue sur des eaux incertaines, lorsque tu l'imagines qu'il s'y retrouve piégé sans pouvoir la quitter, lorsque tu as l'impression qu'il ne reviendra jamais.
Celle que tu tentes d'ignorer sans jamais y parvenir, parce que ton frère fait partie de toi et que maintenant cela fait six ans qu'il n'est plus là.
Celle qui te mord avec hargne parce que tu le vois peu, au gré des saisons souvent, et que c'est toujours très court. Ça n'a pas d'horaires un pirate, il paraît, mais en attendant toi t'es dévorée par la peur.
Splendeur.Celle que tu acquiers à mesure des années en suivant tous les enseignements de ta mère, même si ton cœur se fane de l'absence de ton aîné.
Celle qui fait de toi une jeune fille enviée dès ta seizième année, désirée mais jamais atteinte, parfaite au point d'en être inaccessible.
Celle qui luit de mille feux autour de toi et te donne un nouveau visage, un qui te fait oublier la douleur de la perte fraternel au prix de soirées passées à danser pour ne plus y penser. C'est qu'elle attire du monde au cabaret quand tes représentations s'y font plus nombreuses, ta splendeur.
Odeur.Celle trop parfaite de celui qui t'aborde ce jour-là, te prend la main après quelques heures seulement, te raccompagne en souriant.
Celle si agréable d'une jeune homme aussi élégant qu'agréable, aussi beau que gentil, aussi fort que tendre, qui est tombé pour toi avant que tu ne t'écroules à ton tour.
Celle qui te fait chavirer à une vitesse folle, au-delà de toute raison, simplement parce que tu sais qu'il est le bon, et que dans ses yeux tu vois qu'il pense comme toi. La plus délicate qui soit, et pourtant celle que tu n'oublieras jamais, son odeur.
Douceur.Celle des jours passés à ses côtés, de ses gestes lorsque tu es contre lui, de ses mots lorsqu'il te répète qu'il t'aime plus que de raison.
Celle de vos étreintes charnelles, de votre amour inconditionnel, de votre passion si proche du ciel.
Celle dont il fait preuve avec toi, lorsqu'en posant son regard sur toi il n'a besoin d'aucune parole pour te dire que tu es celle qu'il lui faut. Elle agite ton cœur de cette même certitude, sa parfaite douceur.
Couleurs.Celles du monde que vous imaginiez, des rêves que vous construisiez, des songes que vous partagiez.
Celles qui peuplent vos espoirs amoureux, coloriant vos cœurs de rose et de bleu, peignant vos sourires d'un arc-en-ciel lumineux.
Celles qui vous resplendir alors qu'il prend ta main dans les siennes et pose un genou à terre pour te faire la plus belle des demandes. Celle qui te mettra les larmes aux yeux de voir dans sa beauté un trop plein de couleurs.
Bonheur.Celui de vos promesses éternelles, de vos sourires mutuels, de vos regards passionnels.
Celui de votre vie à deux, de votre destin mêlé, de votre amour scellé.
Celui que tu connais dans ses bras, que tu lis dans son regard, que tu sens dans son parfait. Chaque seconde n'est qu'une note de plus dans cette partition magique, parfaite description de votre bonheur.
Pâleur.Celle de son visage lorsqu'il s'effondre sous ton regard dévasté, ta main dans la sienne alors que son étreinte se desserre et que son corps rejoint le sol dans un dernier souffle qui t'est destiné.
Celle de ton âme brisée, saccagée, ravagée – de ton être tout entier, détruit par cette acte de barbarie inexpliqué.
Celle de ta mère qui te force à l'abandonner alors qu'il vient de te quitter, que déjà tu pleures de rage et de douleur. Magicien tout comme toi, c'est le jour de la Purge qu'il s'est écroulé dans cette effrayante pâleur.
Horreur.Celle de te réveiller toutes les nuits de trop le voir agonisant ainsi, baignant dans son propre sang que ces monstres ont injustement fait couler.
Celle de réaliser qu'il n'est plus à tes côtés, que ton lit se retrouve à nouveau vide, et ton cœur rongé par son absence.
Celle de le revoir qui souffre puis s'éteint sous tes yeux, lorsque cette lueur qui t'a promis l'éternité disparaît de son regard qui n'est plus. Il aura suffi d'une volonté égoïste d'humains effrayés pour ruiner à jamais ses espoirs et faire plonger son quotidien dans une permanente horreur.
Douleur.Celle de la perte, de l'abandon, du vide creusé entre les parois de ton palpitant inerte.
Celle de l'absence continuelle de cet être essentiel, comme un poignard chaque jour enfoncé dans ton âme meurtrie, une manière de plus de broyer ton cœur devenu si fragile.
Celle d'être seule à affronter ce drame, car ta mère ne réalise pas tout ce que tu éprouves, et ton père est déjà trop absent pour intervenir. Liesl est encore et toujours trop loin, et en réalité personne n'est là pour t'aider à te relever, à te reconstruire, à surmonter cette languissante douleur.
Lueur.Celle de folie qui brille dans ton regard lorsque tu décides de disparaître à ton tour, de prendre ton envol pour un temps, de t'en aller pour – si tu en as la force – mieux revenir.
Celle qui scintillait dans les yeux de ton mari, celle qui animait les iris de ton frère, celle que tu vois jour et nuit avec l'espoir de pouvoir t'y accrocher.
Celle qui enflamme le regard de ta mère lorsque tu t'enfuis, qu'importe qu'elle ne puisse rien y faire. Restée à Corona, désormais elle flotte dans les airs en attendant ton retour, cette sombre lueur.
Froideur.Celle de ton âme après ton départ, son départ, celui de tous ceux qui comptaient pour toi.
Celle de ton corps consumé par la solitude et l'abandon au point de tenter de le réchauffer par tous les moyens.
Celle qui prouve que tu es trop brisée pour être sauvée, même plus capable d'aimer, seulement de faire semblant encore et encore, de chercher à oublier. C'est ton cœur qu'elle tord, ton regard qu'elle embrume, ta vie qu'elle consume de trop d'abus, ta froideur.
Rumeurs.Celles qui courent sur l'eau et sur toute terre alors que tu vogues puis t'arrêtes sans cesse.
Celles qui t'appellent encore et encore vers chez toi, t'y attirent de crainte et de désir.
Celles qui soufflent la fin de ta mère et le retour de ton frère, et l'indifférence du monde entier à leur égard alors que pour toi ils sont tout. Elles auront suffi à te faire reprendre la route, ces rumeurs.
Rancœur.Celle qui fait de ton cœur un brasier de colère lorsque ton pied se pose sur ta terre natale après presque neuf saisons d'absence.
Celle qui te rappelle tout ce que tu as perdu ici, et surtout à cause de qui.
Celle qui te tiraille jour après jour de réflexions trop longuement menées. C'est contre l'amour que tu portes à ta terre natale qu'elle lutte pour le chaos, ta noire rancœur.
Torpeur.Celle de ton âme en détresse qui appelle à l'aide sans un mot, dans le simple espoir de rester debout et de ne pas t'effondrer comme lui.
Celle de ton cœur qui ne sait plus ce qu'il doit faire, qui il doit suivre, ce qu'il doit choisir.
Celle dans laquelle tu es piégée, mais dans laquelle ton caractère se refuse de te laisser plus longtemps. Qu'importe ta décision finale, que tu te tournes vers la vengeance ou le pardon, tu as bien l'intention de la quitter, cette morne torpeur.
★ ... et mettre fin au mystère ! ★